Story

À quoi ressemble l’emballage durable idéal ?

Rencontre avec le Dr. Markus Hiebel de l’Institut Fraunhofer

R&D Développement durable Düsseldorf / Allemagne 29 août 2019

Dr. Markus Hiebel, directeur du département Développement durable et gestion des ressources à l’Institut Fraunhofer pour les technologies de l’environnement, de la sécurité et de l'énergie (UMSICHT), nous présente les caractéristiques d’un emballage durable et revient sur les objectifs que les entreprises doivent se fixer pour utiliser plus de matériaux recyclés.

Dr. Hiebel, pouvez-vous décrire en cinq mots clés l’emballage durable idéal ?

Économe en ressources, recyclable, élaboré à partir de matériaux recyclés, simple et respectueux de l’environnement.

Quelle est la composition de cet emballage ?

L’emballage parfait devrait être fait à partir de matériaux recyclés ou, en fonction de la situation, de matériaux renouvelables.

Les emballages durables peuvent-ils répondre à toutes les exigences que les industries imposent en matière d’emballages ? Certaines devraient-elles être éliminées ?

Les emballages doivent proposer certains avantages spécifiques, par exemple permettre la bonne conservation des produits. Certaines limites pourraient être levées pour d’autres caractéristiques, comme la transparence ou la couleur de l’emballage. Il est cependant nécessaire de réfléchir à la manière dont les consommateurs réagiront à ces changements. De plus, cela impliquerait également de revoir les processus de production, ce qui peut avoir des impacts sur les investissements et les coûts.

Quels défis accompagnent l’utilisation de matériaux recyclés ?

Les défis posés par l'utilisation de matériaux recyclés résident dans la faible quantité de matière disponible et la qualité nécessaire requise, en grande quantité, pour produire des emballages. En outre, les processus industriels doivent être adaptés aux matériaux recyclés et il est nécessaire de déterminer quelles exigences sont absolument essentielles et lesquelles peuvent être levées ou modifiées.

Pourquoi les entreprises ont-elles tant de mal à utiliser 100 % de matériaux recyclés ?

Cela s'explique en grande partie par les raisons que nous venons d’évoquer. Un autre élément est que le prix des plastiques fabriqués à partir de matières fossiles est souvent moins élevé, en comparaison avec celui des matériaux recyclés.

À votre avis, combien de temps faudra-t-il pour que les entreprises utilisent 100 % de matériaux recyclés ?

Certaines entreprises s’engagent déjà de manière volontaire à utiliser des matériaux recyclables et il existe des normes établies par l’Union européenne. Par exemple, dès 2025, les bouteilles en PET devront être constituées a minima de 25 % de matériaux recyclés. Un passage à 100 % de matériaux recyclés semble difficilement réalisable. En effet, certains matériaux présents dans le cycle de recyclage sont jetés car, entre autres, ils perdent en qualité. Cependant, nous devons essayer d’utiliser le plus de matériaux recyclés possible.

Des feuilles de bananier, des algues ou encore des protéines de lait : quelles alternatives naturelles pour les emballages vous semblent les plus réalistes dans le futur ?

Cela dépend vraiment de l’application. Localement, les feuilles de bananier peuvent être utilisées pour emballer les aliments. Actuellement, de nombreuses recherches sont menées sur les macroalgues, qui sont biodégradables et même comestibles. Mais elles présentent aussi des inconvénients, notamment leur teneur en eau élevée et leur courte durée de conservation. En principe, la fonction protectrice est un indicateur important qui influence, entre autres, la durée de conservation des aliments.

Pour déterminer rapidement et avec précision la recyclabilité des nouveaux emballages, Henkel utilise un logiciel spécialement conçu à cet effet : EasyD4R. Henkel met aujourd’hui cet outil d'évaluation à disposition sur son site Internet, à l’adresse www.henkel.com/easyd4r, afin que d’autres entreprises et organisations l’utilisent en vue de développer plus facilement des solutions d’emballage durables.

 Dr. Markus Hiebel

Dr. Markus Hiebel, directeur du département Développement durable et gestion des ressources à l’Institut Fraunhofer pour les technologies de l’environnement, de la sécurité et de l'énergie (UMSICHT)

Comment l’outil d’évaluation développé par Henkel pour les emballages recyclables s'insère-t-il dans le processus de développement des emballages ?

Grâce à cet outil, les concepteurs d’emballages reçoivent directement une réponse concernant la recyclabilité de différentes variantes des emballages. Par exemple, si la gamme de matériaux et les combinaisons sont modifiées, l’outil montrera les impacts que ces décisions auront sur la recyclabilité. De cette manière, lors des premières phases du processus de développement, des décisions appropriées pourraient être envisagées puis appliquées.

L’Institut Fraunhofer a testé l’utilité, la précision et la logique de cet outil. Quelle forme ces variables prennent-elles exactement ?

Nous avons alimenté l’outil avec différentes données et observé s’il donnait des résultats fiables. En outre, nous avons examiné les hypothèses et la documentation sur lesquelles reposent le logiciel, ainsi que l’exhaustivité des critères choisis et l’exactitude de l’évaluation, afin de déterminer précisément comment l’outil fonctionne.

À votre avis, à quel point est-il important de s’efforcer de proposer des solutions d’emballages durables ?

Nous devons travailler activement pour développer conjointement des solutions durables. Le design des emballages me paraît en particulier receler un potentiel important.